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Je/ux d’enfants : autobiographie et littérature jeunesse
Vol. 19 No. 2 (2025)Édité par Arnaud Genon et Régine Battiston
L’écriture de soi est-elle conciliable avec la littérature de jeunesse ? La question peut sembler paradoxale, tant l’autobiographie théorisée par Philippe Lejeune a longtemps été pensée pour un public adulte. Peu de textes pour jeunes lecteurs relèvent ainsi du genre au sens strict du terme. Pourtant, la littérature de jeunesse multiplie les formes inspirées des écritures de soi – récits à la première personne, journaux intimes fictifs, romans épistolaires ou faux témoignages – qui visent à instaurer une proximité avec le lecteur. La subjectivité affichée crée une illusion d’authenticité, favorisant identification et empathie, tout en jouant sur les frontières entre fiction et vérité. Le « je » qui s’y exprime ne renvoie pas directement à l’auteur : il met en scène une voix narrative qui rejoue ou déjoue les codes autobiographiques à travers un jeu de masques, de dévoilements et de dissimulations. Ce « je » partiellement ou faussement autobiographique devient alors un outil pour explorer fractures identitaires, tensions culturelles ou blessures intimes, mais aussi pour dire la violence familiale ou sociale et esquisser des parcours de résilience. En ce sens, la fiction autobiographique ouvre un espace de parole et de reconnaissance, tout en initiant les jeunes lecteurs à la complexité du rapport entre mémoire, imagination et vérité de soi.
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Le goût à l’épreuve : métamorphoses de la cinéphilie littéraire
Vol. 19 No. 1 (2025)Édité par Fabien Dubosson et Maaike Koffeman
Y a-t-il une façon spécifiquement littéraire d’aimer le cinéma ? La question mérite d’être posée, car si les rapports entre septième art et littérature forment désormais un champ de recherches à part entière, le statut de l’écrivain « cinéphile » y a été moins souvent interrogé que le rôle de l’adaptation ou la figure de l’écrivain-cinéaste. Pourtant, la cinéphilie se manifeste avec insistance dans la littérature française des XXe et XXIe siècles, si bien qu’on peut parler, à la suite de Fabien Gris, d’une véritable « cinéphilie littéraire ». On en voit les expressions multiples dans des textes relevant de l’essai ou de la critique, mais aussi dans les écrits autobiographiques et intimes, dans la poésie, et bien entendu dans la fiction. Cette cinéphilie n’a pas cessé en outre de se métamorphoser, de prendre des valeurs différentes en fonction des évolutions techniques du médium, mais aussi des changements d’acception du terme même de « cinéphilie » et des enjeux qu’on lui a associés. Surtout, les écrivaines et écrivains cinéphiles ont contribué à cette guerre des « goûts » qui a le plus souvent accompagné l’affirmation du cinéma comme art à part entière. C’est de cette évolution de la « cinéphilie littéraire » et des configurations qui l’ont rendue possible que le présent numéro de Relief aimerait proposer la cartographie – évidemment partielle, mais à partir d’exemples contrastés et peut-être inattendus.
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Littérarisation des patrimoines
Vol. 18 No. 2 (2024)Édité par Mathilde Labbé et Marcela Scibiorska
Instituée en patrimoine national en France dès le XIXe siècle, la littérature s’est vu conférer, de ce fait, la capacité de patrimonialiser à son tour d’autres objets. Elle est à ce titre souvent mobilisée pour la légitimation et la mise en valeur d’œuvres, de lieux, de discours, de pratiques ou de personnes. Citations, figurations, évocations : les œuvres littéraires circulent ainsi en dehors du champ dont elles sont issues en portant avec elles des valeurs, des imaginaires et des connotations réinvestis dans les objets qui les actualisent. C’est en général sur leur capital symbolique, plutôt que sur leur fonction critique, que reposent les opérations de sélection, mais aussi de conservation, de médiation ou de transmission qui concourent à ce processus de patrimonialisation. Comment comprendre cependant les transferts de valeurs fondant ces échanges lorsque la littérature est mobilisée pour la défense d’objets relevant d’un patrimoine constitué ou en constitution, et donc d’une économie des singularités ? Au-delà des dynamiques de légitimation, ce dossier vise à explorer les implications économiques, émotionnelles, communicationnelles et politiques d’une mobilisation de la littérature dans l’espace du livre d’art, du musée, du monument ou du parc naturel. Il s’agit d’analyser l’articulation ou le continuum des relations d’exposition, de valorisation et d’instrumentalisation entre littérature et patrimoines, en se demandant s’il est possible d’en repérer des caractéristiques structurelles. Le dossier envisage ainsi la façon dont ces mobilisations redéfinissent les fonctions de la littérature et contribuent in fine à l’inflation patrimoniale, notamment par le développement d’un tourisme littéraire aux multiples facettes, qui se décline aussi bien dans les expositions et leurs catalogues qu’autour des monuments nationaux, dans les hôtels de luxe ou les randonnées culturelles.
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À l’École du vivant : Enseigner la littérature avec les humanités environnementales
Vol. 18 No. 1 (2024)Édité par Aude Jeannerod, Morgane Leray et Olivier Sécardin
Les questions environnementales entraînent une reconfiguration globale de nos modes d'être au monde et de le penser, à laquelle les études littéraires n'échappent pas. Parce que toute crise appelle une décision, celle de relever le défi de l'adaptation, ce numéro de Relief fait le point sur les nouvelles dynamiques de recherche qui animent les « études littéraires environnementales » et leur didactique : leur historicité, leurs potentialités, les espoirs de renouvellement qu'elles portent, les hybridations interdisciplinaires qu'elles réinventent comme les doutes sur leur pouvoir à « réparer le monde ».
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La lectrice est-elle un lecteur comme les autres ?
Vol. 17 No. 2 (2023)Édité par Maxime Decout et Estelle Mouton-Rovira
Si les lectrices ont longtemps été associées, d’une part, à une forme de vulnérabilité, liée au topos des dangers de la lecture, d’autre part à une vision érotisée de la lecture, force est de constater que la période contemporaine travaille à modifier ces images. L’essor des pensées féministes, de la réflexion sur le genre, et l’inflexion pragmatique des théories de la réception sont autant de nouveaux héritages critiques qui modifient la représentation littéraire des femmes et, a fortiori, des lectrices. De telles figures permettent alors, de manière privilégiée, de penser les pratiques de la lecture au prisme du genre. Il s’agira ainsi de se demander si la lectrice est un lecteur comme les autres pour évaluer la manière dont la littérature crée ses propres savoirs critiques sur le genre.
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La science-fiction et l’enseignement du politique
Vol. 17 No. 1 (2023)Édité par Colin Pahlisch et Gaspard Turin
Depuis les années 1930, la science-fiction a interrogé les multiples manières dont les technologies influent sur notre vivre-ensemble, au point de proposer des reconfigurations des règles de la société. Par ce biais, comme par d’autres qui lui sont propres, elle aura régulièrement favorisé un renouvellement de notre compréhension de la politique. Ceci est une évidence pour son lectorat. Ce qui l’est moins, c’est sa capacité à nous interroger sur le politique, c’est-à-dire sur les remises en question et les réinventions de nos façons de vivre en communauté. Si nous reposons la vieille question consistant à interroger la capacité de la SF à changer le monde, nous le faisons ici à nouveaux frais: ceux de son enseignement, qui selon toutes probabilités se popularise à l’école de façon exponentielle depuis quelques années. À penser la classe comme terrain propice pour réinventer nos gouvernances futures, nous nous préparons à ce futur, comme dans le même mouvement nous élaborons une méthodologie de la transmission qui intègre plus directement le principe démocratique. Les contributions de ce dossier présentent toutes des réflexions allant dans ce sens. Si l’heure n’est plus (seulement) à une lecture privée et récréative de la SF, il est temps de repenser ces corpus en leur donnant le temps et l’espace institutionnels qu’il méritent afin qu’ils deviennent les vecteurs d’un changement, institutionnel, social, éthique et politique, dont il n’est plus possible aujourd’hui de faire l’économie.
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Olivia Rosenthal : l’écriture aux aguets
Vol. 16 No. 2 (2022)Édité par Morgane Kieffer et David Vrydaghs
Depuis la parution de Dans le temps en janvier 1999 aux éditions Verticales, l’œuvre d’Olivia Rosenthal n’a cessé de s’enrichir, empruntant des voies diverses : à l’écriture de fictions et de textes autobiographiques se sont ajoutés de nombreuses performances réalisées avec des cinéastes, des plasticiens ou des compositeurs, mais aussi des pièces de théâtre, des essais et des récits qui interrogent les limites habituellement assignées à la littérature. Innervant ses textes d’entretiens, de filmographies ou encore d’exercices qui sollicitent intensément ses lecteurs, Rosenthal crée une œuvre déstabilisatrice, oscillant entre des pôles généralement considérés comme opposés : ironique et empathique, cruelle et tendre, proche et distante de ses lecteurs, prudente et audacieuse, etc. Ce dossier se propose de saisir ces apparentes contradictions à travers l’une des dynamiques principales qui irriguent cette œuvre contemporaine de premier plan : le positionnement de son écriture aux aguets, impliquant une vigilance de tous les instants, chez l’autrice comme chez ses lecteurs, devant les formes utilisées mais aussi une capacité d’accueil de l’autre sans naïveté ni paranoïa.
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Littératures francophones et écologie : regards croisés
Vol. 16 No. 1 (2022)Édité par Aude Jeannerod, Pierre Schoentjes et Olivier Sécardin
L’enjeu est de s’interroger sur les représentations littéraires de l’environnement, c’est-à-dire sur le discours que tient l’homme dans ses productions littéraires au sujet de la nature qui l’entoure et des relations qu’il entretient avec elle. À une époque qui voit les textes tournés vers les enjeux environnementaux se multiplier une double exigence s’impose : explorer les littératures française et francophone contemporaines, mais aussi revenir à des textes plus anciens pour les examiner à la lumière de notre sensibilité écologique contemporaine.
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Intertextualités dans les œuvres d’André et de Simone Schwarz-Bart
Vol. 15 No. 2 (2021)Édité par Kathleen Gyssels et Odile Hamot
Ce numéro est consacré aux intertextualités, tant en amont qu’en aval, qui nourrissent et prolongent l’œuvre d'André et de Simone Schwarz-Bart: il s’agit non seulement de démontrer les influences variées d'autres écrivains sur leurs romans, mais également de mettre en lumière l'influence schwarz-bartienne sur les œuvres d’auteurs et artistes ayant publié après eux. Dans sa globalité, le numéro touche aux cinq types de relations transtextuelles identifiées par Genette; il ouvre sur les seuils interartistiques, les différents rapports entre édition et réédition, œuvre achevée et inachevée, voire ses crossovers avec le neuvième art et la musique.
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(Re)traduire les classiques français
Vol. 15 No. 1 (2021)Éditeurs : Maaike Koffeman et Marc Smeets
Ce numéro de Relief est consacré à la (re)traduction des classiques de la littérature française. Possédant une valeur culturelle et symbolique importante, le texte classique semble constituer une source éditoriale et commerciale sûre. De ce fait, il donne souvent lieu à de multiples rééditions et retraductions, qui se présentent – bon gré mal gré – comme étant « meilleures » que leurs prédécesseurs. Mais considérer la retraduction comme une réponse au vieillissement textuel serait une perspective beaucoup trop simpliste. Ce dossier thématique rassemble des études de cas qui mettent en lumière la diversité des motifs potentiels de retraduction.
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Sociologie de la médiation littéraire
Vol. 14 No. 2 (2020)Édité par Maaike Koffeman et Olivier Sécardin
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Écritures francophones du Maroc contemporain
Vol. 14 No. 1 (2020)Édité par Annelies Schulte Nordholt et Emmanuelle Radar
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La France et l’Italie : Échanges culturels
Vol. 12 No. 2 (2018)Édité par Els Jongeneel et Alisa van de Haar
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La Carte et le territoire revisité
Vol. 12 No. 1 (2018)Édité par Sabine van Wesemael et Antoine Jurga
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La Madone des Sleepings de Maurice Dekobra
Vol. 9 No. 1 (2015)Numéro préparé par Jan Baetens et Sjef Houppermans
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Apollinaire et la Grande Guerre / Nouvelles recherches
Vol. 8 No. 2 (2014)Numéro préparé par Els Jongeneel et Alicia Montoya
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Speaking of the medieval today: French and Francophone medievalisms
Vol. 8 No. 1 (2014)Numéro préparé par Alicia Montoya et Vincent Ferré
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Marcel Proust en réseau
Vol. 7 No. 2 (2013)Numéro préparé par Sjef Houppermans et Franc Schuerewegen
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Laurent Mauvignier et Tanguy Viel. Deux auteurs d’aujourd’hui
Vol. 6 No. 2 (2012)Numéro préparé par Christine Jérusalem et Sjef Houppermans
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Films d’histoire/Transculturalités
Vol. 6 No. 1 (2012)Édité par Margriet Hoogvliet et Sjef Houppermans
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La Francophonie du Nord au Sud: Manifestations du transculturel dans la littérature et le théâtre francophones
Vol. 5 No. 2 (2011)Édité par Anne-Marie Gans-Guinoune et Jeanette den Toonder
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La magie de l’image: images textuelles et visuelles dans les contes de fées
Vol. 4 No. 2 (2010)Numéro préparé par Daphne M. Hoogenboezem, Alicia C. Montoya et Sjef M.M. Houppermans
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Identité et Altérité chez Marguerite Yourcenar
Vol. 2 No. 2 (2008)Numéro préparé par Rémy Poignault et Maurice Delcroix