La lectrice-spectatrice d’"Autant en emporte le vent" face à l’érotisation de la violence sexuelle

Auteurs

  • Anne Grand d'Esnon Université de Bourgogne

DOI :

https://doi.org/10.51777/relief18430

Mots-clés :

Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent, violences sexuelles, réception, identification

Résumé

Fréquemment prise comme exemple de l’érotisation du viol par le discours féministe, Autant en emporte le vent est en même temps une œuvre emblématique du plaisir d’immersion qu’elle procure à ses lectrices-spectatrices par identification du personnage de Scarlett O’Hara. À partir d’un corpus de discours de réception, l’article montre que l’interprétation d’un viol dans la célèbre scène où Rhett emporte de force Scarlett dans sa chambre entre en conflit avec une lecture d’identification à l’expérience subjective de Scarlett qui en tire des affects érotiques. Ces lectrices-spectatrices, parce qu’elles sont des femmes, voient de surcroît leur appréhension du viol particulièrement scrutée, et parfois stigmatisée. La lecture critique des féministes comme la réception érotisante de la scène engagent pourtant toutes deux la relation entre la fiction et le monde réel des lectrices-spectatrices, ce qui explique que l’interprétation littérale du contenu narratif de la scène – est-ce ou non un viol ? – soit décisive.

Biographie de l'auteur

Anne Grand d'Esnon, Université de Bourgogne

Anne Grand d’Esnon est doctorante en littérature comparée à l’université de Bourgogne où elle travaille sous la direction d’Henri Garric. Sa thèse porte sur l’interprétation de violences sexuelles dans les récits de fiction à partir d’un corpus de textes de réception. Son travail cherche à théoriser les désaccords interprétatifs que suscitent certaines scènes sexuelles fictionnelles quant à leur caractérisation comme viols (hal-03613131v1, hal-03599673v1, hal-03736436v1). Elle a organisé en 2019 avec Lucie Nizard deux journées d’étude « Désir, consentement et violences sexuelles en littérature ». Elle a également consacré un article à l’interprétation du viol dans la non-fiction, autour de la réception de Mémoire de fille d’Annie Ernaux (hal-03695862v1) et, avec Anne-Claire Marpeau, un chapitre d’ouvrage aux enjeux pédagogiques associés aux violences sexuelles en littérature (hal-01998226v1).

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Publiée

14-12-2023

Comment citer

Grand d’Esnon, A. (2023) « La lectrice-spectatrice d’“Autant en emporte le vent” face à l’érotisation de la violence sexuelle », RELIEF - REVUE ÉLECTRONIQUE DE LITTÉRATURE FRANÇAISE, 17(2), p. 170–189. doi: 10.51777/relief18430.