Enseigner la science-fiction dans ses perspectives politiques

Auteurs

  • Colin Pahlisch Université de Lausanne
  • Gaspard Turin Université de Lausanne

DOI :

https://doi.org/10.51777/relief17555

Mots-clés :

science-fiction, politique, didactique de la littérature, idéologie, prototopie, narratologie, salle de classe, démocratie, citoyenneté

Résumé

La littérature ne constitue pas un programme mais envisage des possibles. La science-fiction (SF), en tant que genre exploratoire, insiste spécifiquement sur ces possibles. L’une des manières par lesquelles elle les produit consiste à potentialiser la pensée politique. Par des actes de fiction, elle renouvèle notre compréhension de la politique et, dans une certaine mesure, y participe. En différenciant la politique (instituée, « politicienne ») et le politique (qui pense et transforme le vivre-ensemble, suivant le principe de l’égalité essentielle à la démocratie), on s’attachera au second pour montrer son rôle dans l’enseignement, en particulier de la SF. Le genre trouve sa spécificité dans le fait que les composantes démocratiques aristotéliciennes – le nouage entre le lien à la communauté et le bien de la communauté – se rééquilibrent au profit de ce bien, comme projection hors de notre espace-temps. Enseigner ce genre revient à interroger ce nouage, mais aussi à l’expérimenter sur le terrain même de la classe. À l’aide de principes hérités des didactiques de la subjectivité littéraire, nous verrons com­ment envisager les multiples facettes de l’expression du politique dans l’enseignement de la SF, comment éviter les pièges de l’idéologie, comment enfin réinvestir l’espace symbolique de la classe : vide démocratique fécond, marge clandestine, lieu d’expérimentation, ouverture « prototopique ». On observera enfin l’outil narratolo­gique comme spécialement adéquat pour traiter ces questions, étant donné sa place privilégiée pour observer les questionnements que la SF apporte à la temporalité, dans ses thèmes mais aussi dans les rythmes de lecture qu’elle suggère.

Biographies de l'auteur

  • Colin Pahlisch, Université de Lausanne

    Colin Pahlisch est doctorant en littérature à l’Université de Lausanne, rattaché au Centre de compétences en durabilité (CCD). Il y coordonne le nouvel Observatoire sur les Récits et Imaginaires de l’Anthropocène (ORIA). Il est spécialisé dans les littératures conjecturales (science-fiction, utopies, dystopies, voyages extraordinaires). Ses travaux portent sur les imaginaires et les récits de la transition écologique dans une perspective éco-poétique. Il a publié de nombreux articles et est co-auteur d’un livre consacré à la poétique d’Alain Damasio, La Croisée des souffles.

  • Gaspard Turin, Université de Lausanne

    Gaspard Turin est chargé de recherche à l’Université de Lausanne, dans le cadre du projet FNS DiNarr (Didactique de la narratologie) dirigé par R. Baroni. Son travail porte sur un corpus littéraire et culturel contemporain dans ses enjeux didactiques, ainsi que sur des questions de formes poétiques et esthétiques. Il a publié en 2017 Poétique et usages de la liste littéraire. Le Clézio, Modiano, Perec aux éditions Droz. Il est l’auteur de nombreux articles, notamment sur Georges Perec, Marie NDiaye, Édouard Levé, Éric Chevillard ou encore Michel Houellebecq. Il collabore régulièrement à des revues telles que Genesis, les Cahiers Perec, Transpositio ou Fixxion

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Publiée

15-09-2023

Comment citer

Pahlisch, C. et Turin, G. (2023) « Enseigner la science-fiction dans ses perspectives politiques  », RELIEF - REVUE ÉLECTRONIQUE DE LITTÉRATURE FRANÇAISE, 17(1), p. 1–22. doi:10.51777/relief17555.