Le Méridien de Greenwich : ligne de partage dans le panorama littéraire des années 1980
DOI :
https://doi.org/10.18352/relief.1050Mots-clés :
Jean Echenoz, littérature contemporaine, représentation, récit, contemporary literature, representation, narrativeRésumé
Le Méridien de Greenwich, premier roman paru en 1979 sous la plume de Jean Echenoz, trace une ligne de partage dans le panorama littéraire français de la deuxième moitié du vingtième siècle : le texte est emblématique en ce qu'il annonce non seulement l’œuvre romanesque d'Echenoz, mais également celle de romanciers occupés à amorcer à ses côtés ce que la critique a identifié comme le tournant des années 1980 de l'histoire littéraire française. Dès l'incipit, Le Méridien de Greenwich trouve en effet une manière ludique d'initier une réflexion métalittéraire sur la possibilité de faire récit, en se faisant la métaphore ironique du soupçon porté à l'encontre de l'esthétique réaliste à la fois par le projet avant-gardiste et par les discours de la fin. Ainsi, le « tableau » sur lequel s'ouvre le roman d'Echenoz, décrivant une crête au sommet de laquelle évoluent de façon précaire deux personnages, invite à être lu comme une entreprise de déconstruction parodique de la conception classique du personnage et de la nécessité pour le cadre spatio-temporel de former un système cohérent et vraisemblable. Toutefois, la métaphore dénonciatrice ne se suffit pas à elle-même ; elle est aussi, ainsi que l'annonce le texte lui-même, « l'objet d'une histoire quelconque, le centre, le support ou le prétexte, peut-être, d'un récit. » L'analyse du premier chapitre du Méridien de Greenwich nous servira ainsi à évaluer la valeur esthétique et analytique d'une illusion réaliste qui se dénonce comme artifice à l'égard de la question de la narrativité, afin de démontrer comment Echenoz initie avec ce premier roman une réflexion quant à la possibilité – voire la nécessité – de représenter.
Le Méridien de Greenwich, published in 1979 by Jean Echenoz, traces a dividing line in the French literary panorama of the second half of the twentieth century. The text announces not only Echenoz's novels, but also those of novelists who were busy starting the turning point of the 1980s in French literary history. From the beginning, Le Méridien de Greenwich initiates a metaliterary reflection about fiction. The painting on which Echenoz's novel opens is an attempt to parodically deconstruct the classic conception of character and realistic description. The analysis of the first chapter of Le Méridien de Greenwich will prove how Echenoz, with this first novel, initiates a reflection on the possibility – or even the necessity - of representation.
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