Appel à contributions : La lectrice est-elle un lecteur comme les autres ? Genre et réception dans le récit contemporain
Editeurs : Maxime Decout (Sorbonne Université) et Estelle Mouton-Rovira (Université Bordeaux-Montaigne)
Comment les lectrices de fiction sont-elles représentées dans la littérature contemporaine ? Si les lectrices ont longtemps été associées, d’une part, à une forme de vulnérabilité, liée au topos des dangers de la lecture, d’autre part à une vision érotisée de la lecture, force est de constater que la période contemporaine travaille à modifier ces images. L’essor des pensées féministes, de la réflexion sur le genre, et l’inflexion pragmatique des théories de la réception sont autant de nouveaux héritages critiques qui infléchissent la représentation littéraire des femmes et, a fortiori, des lectrices. De telles figures permettent alors, de manière privilégiée, de penser les pratiques de la lecture au prisme du genre.
Les contributions pourront aborder différentes pistes : thématiques, critiques ou théoriques. Thématiques d’abord, car les représentations des lectrices permettent de réfléchir aux usages contemporains de la lecture. Que l’on pense à la Lectrice de Calvino, dans Si une nuit d’hiver un voyageur (commentée par Peter Szendy, Pouvoirs de la lecture, 2022), aux figurations ironiques de la lectrice chez Chevillard, aux lectrices des romans de Chloé Delaume par exemple, ou encore aux adresses à la lectrice des romans d’Anne F. Garréta, ces représentations engagent autant de perspectives différentes : de la reconduction d’un partage genré des manières de lire à son renversement, à valeur politique.
C’est donc un enjeu critique fort qui sous-tend ces représentations, dans un contexte marqué par le renouvellement des formes d’engagement littéraires. Les figures de lectrices invitent à penser la manière dont la littérature se saisit des luttes féministes, leur donnant une visibilité littéraire et, inversement, faisant de la littérature un terrain d’exploration critique des enjeux pratiques, et politiques, de la lecture, et des modes d’émancipation qu’elle permet.
Sur le plan théorique enfin, la « lectrice » permet d’interroger les valeurs et les déclinaisons du neutre théorique que représente souvent le « lecteur ». Il s’agit alors, dans le sillage des pensées pragmatiques ou empiriques de la lecture (portées par le tournant pragmatique de la réception, mais aussi par la critique féministe), d’interroger les points de rencontre possible ou, au contraire, de divergence, entre ces différentes traditions de pensée. Figure théorique à part entière, la lectrice permet alors d’interroger les pratiques interprétatives contemporaines.
Les approches comparatistes, et les corpus permettant d’historiciser la question sont les bienvenus, afin que les analyses plus strictement contemporaines puissent entrer en dialogue avec d’autres perspectives critiques.
Les propositions d’article, d’environ 300 mots, accompagnées d’une brève notice biographique, doivent être envoyées à revuerelief@gmail.com, maximedecout@yahoo.fr et estelle.mouton-rovira@u-bordeaux-montaigne.fr , au plus tard le 15 juillet 2023.
Les auteurs des propositions retenues devront soumettre l’article complet (6000 à 8000 mots, en français ou en anglais) pour le 15 septembre 2023. Les articles seront ensuite évalués en double aveugle (processus de peer review) pour publication dans le numéro 17(2) de Relief en décembre 2023.